- Types d'acteurs : Chercheur·se
- Type d'acte : Immersion
- Thème(s) : Enjeux éthiques-épistémologiques de la recherche, Rapports de classe
- Concept(s) : Système d'agentivité
- Lieu d'observation: Domicile
- Région d'observation: Bruxelles
- Pseudo: Mme de Longueville
- Date d'observation: undefined
- Numéro de page du livre : undefined
- Auteur du récit : Natalie Rigaux
Chez Mme de Longueville, j'ai introduit ma demande d'être présente au moment où des soins sont donnés à l'OSD – en suivant la ligne hiérarchique, du haut vers le bas (le directeur, puis les responsables du secteur AVJ/infirmier ; après leur consultation des cheffes d'équipe, des noms de personne (dépendantes et proches responsables pour l'OSD) m'ont été proposés. Pour Mme de Longueville, j'ai donc reçu son adresse et le téléphone de sa belle-fille. C'est lors de l'entretien que j'ai eu avec elle que j'ai demandé à pouvoir être présente avec les aide-familiales (pas avec l'infirmière, vu les difficultés que je sentais autour de la toilette ; ni avec l'aide-ménagère, dans la mesure où elle n'apparaissait pas comme ayant un contact particulier avec Mme[1]). Autrement dit, ce n'est qu'en arrivant chez Mme de Longueville que je lui ai demandé si je pouvais rester chez elle le temps du passage de l'aide-familiale. Elle n'y a vu aucun problème mais reste le fait que ce faisant, j'ai adopté la façon de l'OSD de considérer le proche comme responsable de l'aide donnée (et ce faisant, de l'accès à son domicile) plus que la personne bénéficiaire elle-même. Il est sûr que l'OSD, ou ici, la belle-fille, auraient pu ne pas apprécier que je demande directement son accord à Mme de Longueville sans être passée d'abord par sa belle-fille (ce qui pourtant aurait été le plus respectueux du droit de la personne, réputée capable sauf preuve du contraire, à décider pour elle-même). L'OSD ne m'a d'ailleurs jamais transmis les coordonnées téléphoniques de la personne bénéficiaire (bien son adresse postale) mais seulement celles du proche. J'aurais pu néanmoins demander au proche le téléphone de la personne bénéficiaire pour lui demander son accord au téléphone, de façon à lui permettre de refuser plus facilement que dans le face à face devant sa porte, alors que la professionnelle est déjà là ou va arriver. Il faut reconnaître que lorsque je l'ai fait (uniquement pour des personnes qui n'avaient pas de proche ou dont le proche cohabitant était absent au moment de mon appel), je n'ai pas eu le sentiment de respecter davantage leur droit à choisir de (ne pas) me recevoir dans la mesure où d'une part, après m'avoir donné leur accord au téléphone, ils ne se souvenaient pas l'avoir fait lorsque j'arrivais au moment convenu (donc je redemandais leur accord, après explications, ce que j'ai fait d'ailleurs lors de chacun de mes passages) et que durant le coup de fil initial, je n'avais pas d'échanges (avec des questions de leur part, par exemple) me permettant de penser qu'ils voyaient clairement ce qui leur était demandé. Du point de vue des principes néanmoins, il aurait mieux valu demander systématiquement les coordonnées de la personne elle-même pour lui demander son accord avant le jour de mon passage. Cette remarque ne vaut que pour les personnes bénéficiaires d'une aide sans proche cohabitant. Pour les situations, les plus fréquentes, avec proche cohabitant, c'est lui ou elle qui a répondu au téléphone sauf chez Mme Landuyt (dans la mesure où la fille de celle-ci travaillait encore au début de nos rencontres) et que c'est dès lors le proche qui choisissait de demander – ou pas – l'accord de la personne bénéficiaire de l'aide.
[1] Ceci témoigne de ma propre façon de (dé)considérer le rôle des aide-ménagères dans le soin ; il a fallu que je découvre dans certaines situations le rôle important de l'aide-ménagère – chez Pieters (chapitre 7) ou chez Levesque (chapitre 1) – pour avoir pris des contacts spécifiques avec elles (jamais néanmoins lors de leur passage).