- Types d'acteurs : Logopède
- Type d'acte : Activité
- Thème(s) : Communication
- Concept(s) : Expérience, Figures du respect
- Lieu d'observation: Domicile
- Région d'observation: Bruxelles
- Pseudo: Mme Donckers
- Date d'observation: décembre 2011; janvier et décembre 2013
- Numéro de page du livre : pp.199-200
- Auteur du récit : Natalie Rigaux
Mme Donckers a été envoyée chez la logopède par le neurologue suite à ses crises d'épilepsie. Elle sera suivie de 2008 à novembre 2012. Comme Mr Donckers m'en a dit le plus grand bien (cf récit « Les difficultés de communiquer avec le proche ») je demande à pouvoir la rencontrer (ce sera fait en septembre 2012, pendant 30 minutes entre deux séances et jamais avec Mme Donckers).
Je trouverai un rapport (qu'elle a adressé au centre de jours dans le dossier de Mme Donckers portant sur une période antérieure à celle de notre rencontre, allant d'octobre 2010 à mai 2011) et dont certains passages résument sans doute bien son approche:
« Les séances avaient pour objectif d'améliorer l'entrée en communication, notamment sur le versant non-verbal. (…) Il est important de considérer Mme Donckers comme une personne sensée. (…) La salle snoezelen a permis à Mme Donckers de se détendre et d'effectuer un travail introspectif. Elle apprécie qu'une personne l'écoute et prenne soin d'elle. (…) Les activités développant les 5 sens (devinette d'objet sur base du toucher, découvertes d'odeurs, de bruits) restent difficilement réalisables. Des promenades au parc ont permis d'évoquer des noms de plantes et d'animaux ainsi que de stimuler le langage spontané. La lecture de livres et de magazines a encouragé l'association lecture et représentations mentales. »
Concernant l'ouverture de la logopède à la communication non-verbale, elle m'explique dans l'entretien que j'ai avec elle :
« Il s'agit de trouver les canaux les plus efficaces, pour éviter l'isolement pour la personne et son entourage. »
Elle me parle lors de notre rencontre d'un travail qu'elle a fait avec Mme Donckers en se déplaçant au domicile, une heure avant l'heure de mettre la table pour mettre au point une carnet (avec photos) de nature à l'aider à réaliser cette tâche. Vu l'attachement de Mme Donckers aux tâches domestiques, l'idée semble bien intéressante. En en reparlant avec son mari, celui-ci ne semblait pas se souvenir de ce travail ni d'avoir pu s'appuyer sur celui-ci dans la vie quotidienne.
Quand je la rencontre, elle est en train de mettre progressivement fin au suivi de sa patiente, considérant que le travail qu'elle peut faire n'est plus « utile » [1]. Tout en disant considérer que « beaucoup de choses passent au niveau de la relation ». La fin de l'accompagnement n'est-il pas dès lors cruel, même s'il est annoncé et progressivement mis en place ?
[1] Comme elle me dit avoir abandonné depuis longtemps l'idée d'une « récupération » et qu'elle parle des séances comme de « 30 minutes de communication », je ne vois pas pourquoi l'avancement dans la maladie rendrait cette communication inutile. Peut-être ne voit-elle plus comment rejoindre Mme Donckers ? ou la place prise par la stimulation qui suppose des capacités restantes est plus importante qu'elle n'a voulu le dire dans son dispositif thérapeutique ?