- Types d'acteurs : Chef.fe d'équipe
- Type d'acte : Activité
- Thème(s) : Activités, Stimulation
- Concept(s) : Communauté démocratique
- Lieu d'observation: Centre (de soins) de jour
- Région d'observation: Bruxelles
- Date d'observation: décembre 2011; janvier et décembre 2013
- Numéro de page du livre : undefined
- Auteur du récit : Natalie Rigaux
Relativement à d'autres centres de soins de jour, le rythme des activités observé à la Rivière est particulièrement peu soutenu. De 9h à 10h30, c'est l'accueil (c'est-à-dire télé allumée, personnes accueillies avec peu d'échanges entre elles et avec les soignant·e·s), de 10h30 à 11h30, il y a une plage d'activité (en générale 30 minutes de lecture du journal, 30 minutes d'activité physique ou de coloriage, … ; le repas se déroule de 11h30 à 12h15 environ, puis sieste (devant la télé) jusqu'à 14h. Une collation est proposée jusqu'à 14h30, où commence l'activité de l'après-midi (le plus souvent de type quizz), les chauffeurs venant chercher les personnes à 15h30.
Dans ce contexte, je ne m'étonne pas entendre un Mr habitué du centre me dire, lors de mon premier passage : « on attend beaucoup ici : l'activité, le repas, l'heure du départ… »
Sans que je ne l'interroge à ce sujet, Sophie, la directrice, me dit en fin de journée :
« On pourrait faire mieux au niveau activité. Trop souvent, les soignants les mettent devant un DVD ! Quand les gens s'ennuient, ça ne va pas. On pourrait sortir avec ceux qui sont encore bien. Bon, pas avec Mme Donckers ou Mme Vanbesien, elle serait trop stressée ! (…) Il y a une tension dans l'équipe entre celles qui disent « il faut rester au rythme des personnes » et celles qui disent « il faut retravailler les activités et les tirer vers le haut ». Mais avec trop de Mme Donckers, on ne peut rien faire ! Il faut d'abord que les plus lourds s'en aillent. »
Le choix à faire est-il entre activités supposant des facultés cognitives (quasi) intactes ou le n'importe quoi (actuel ?) censé correspondre aux personnes les plus atteintes ? Ou – c'est la formulation de Sophie – comme s'il fallait écrémer (encore !) le public fréquentant le centre pour pouvoir proposer des activités de qualité. Notons que j'ai retrouvé quelque chose de cet ordre à Ste Monique (cf chapitre 8) même si de façon moins caricaturale lorsque dans un premier temps, quand les groupes étaient scindés en deux, les « forts » (les moins atteints) faisaient avec les professionnelles les plus qualifiées des activités longuement préparées (par Catherine en particulier) et les faibles laissés avec les aide-soignantes pour des activités physiques ou de « bien-être » (massage des mains ou vernis à ongles).