- Types d'acteurs : Chef.fe d'équipe, Garde à domicile, Proche
- Type d'acte : Présence
- Thème(s) : Accès à l'espace public
- Concept(s) : Agentivité, Dimension politique du soin, Expérience
- Lieu d'observation: Domicile
- Région d'observation: Bruxelles
- Pseudo: Mr et Mme Vandaele
- Date d'observation: 2011
- Numéro de page du livre : 191-197
- Auteur du récit : Natalie Rigaux
Au début de leur intervention chez les Vandaele, les gardes commençaient systématiquement leur temps de présence par une promenade avec Mr jusqu'à la cafétéria de l'hôpital, ce qu'il appréciait beaucoup. Il était connu du personnel de la cafétéria et les choses s'y passaient bien. Néanmoins, au fil du temps, les incidents avec les passants et les professionnels de l'hôpital semblent se multiplier, comme je le note lors d'une réunion de l'équipe des gardes :
Les récits faits par les gardes de bagarres avec des passants s'enchaînent « Il est très raciste, il a traité quelqu'un sur le parking de bougnoule ! » « Une autre fois, d'obèse » (…) « Même à l'hôpital, ils en ont marre. Faut comprendre, on y va chaque fois ! » « J'ai parlé avec le garçon, il comprend, mais il paraît que les autres en ont marre » (…) « L'autre jour, dans l'ascenseur, deux infirmières riaient de lui ! Ce n'est quand même pas bien, des infirmières ! ». Une garde pose la question : « Si la personne [que Mr a verbalement agressé] lui saute dessus on fait quoi ? Si le rétroviseur avait cassé [en s'emportant contre un automobiliste, Mr a récemment tapé dans un rétroviseur sur le parking de l'hôpital], on faisait quoi ? » (Une garde répond à la 1ère question) : « On les sépare » (la cheffe d'équipe :) « Mais non ! Il ne faut pas que vous preniez des coups ! »
Il est difficile de dire, sur la base de ces témoignages en réunion, si le nombre d'incidents augmente. Ce qui est sûr, c'est que la tolérance des professionnel·le·s de l'hôpital – vraisemblablement celle des gardes également – diminue.
La tension monte d'un cran en réunion quand une garde remarque que Mme éteint son GSM lorsqu'elle sort. La cheffe d'équipe va décider de demander à Mme Vandale de rester joignable par GSM lors des temps de garde. Je m'étonne alors intérieurement qu'il ne soit pas rappelé que « le bureau » (l'organisation de soins à laquelle ces gardes appartiennent, et dans laquelle une assistante sociale peut toujours intervenir) est toujours joignable, au lieu de peser sur les – rares - sorties que peut se permettre Mme Vandaele. Il est vrai qu'elle une capacité particulière à calmer son mari.