- Types d'acteurs : Garde à domicile
- Type d'acte : Réunion d'équipe
- Thème(s) : Harcèlement, Tension professionnel/personne aidée
- Concept(s) : Récit, Ressource du collectif soignant
- Lieu d'observation: Réunions en dehors du temps de soin
- Région d'observation: Bruxelles
- Date d'observation: 12/05/12
- Auteur du récit : Anne Piret
Stéphanie prend la parole pour rapporter la manière dont s'est déroulée la première prise en charge chez un Monsieur qui a eu un AVC suite à une rupture d'anévrisme, la demande initiale porte sur 1 journée par mois, pour l'épouse. La cheffe : « J'entends que ça a été difficile pour toi, dépose-moi ce qui s'est passé ». Stéphanie rapporte des comportements de harcèlement sexuel, d'attouchement, d'insulte : « Je n'ai jamais été aussi stressée de ma vie ! ». « Essaie de me décrire objectivement ce qui s'est passé, pour que je puisse relayer des éléments concrets, pour que votre cadre de travail soit correct ». « Moi, c'est fini, je n'y vais plus », « J'entends, mais dépose ». Stéphanie raconte, décrit la journée et les interactions. « Comment as-tu réagi ? », «J'ai dit : ça Monsieur, je ne veux plus entendre, on ne parle pas comme ça, ou je dois en parler au service. Pas moyen de communiquer avec lui. Je n'ai rien osé dire à Madame quand elle est rentrée. C'est vraiment délicat, parce qu'il écoutait ce que je disais à Madame. Après, on dira « oui, mais c'est la garde qui le provoque » et puis je pensais à cette épouse qui a l'air d'en avoir tellement marre, c'est sa seule occasion de sortir, à cette pauvre femme-là ». D'autres gardes réagissent : « Il y a vraiment des malades … ! ». La cheffe s'engage à prendre contact avec l'autre équipe [des aides familiales interviennent aussi], pour voir comment ça se passe, et avec l'épouse. On convient aussi que Stéphanie n'ira plus. « Dans ma voiture, j'ai téléphoné à Carole (une autre garde), tellement j'étais mal », « Tu pouvais téléphoner au service », « Je ne pouvais pas en parler au téléphone, il me fallait d'abord prendre du recul. A la dame, j'ai dit que ça avait été ». « Il faut lui dire, d'autres aides familiales ont peut-être le même problème. On peut aussi réinterpeller le médecin : c'est peut-être une séquelle de l'AVC, et il y a peut-être moyen d'améliorer par un traitement. » Une autre garde relate un épisode de harcèlement où elle a appelé le service devant le bénéficiaire. « ça l'a bien calmé », « ici, je n'aurais même pas osé…je me dis, cette femme-là, elle va encore être renfermée plus, elle ne peut déjà jamais sortir… ». La cheffe conclut sur les initiatives à prendre : « Il faut que j'intervienne, avec mes collègues, parce que ce qui se passe n'est pas anodin : il y a l'aspect de vos conditions de travail, mais aussi une famille qui est peut-être en souffrance et qui peut être accompagnée psychologiquement éventuellement ».