- Types d'acteurs : Association
- Type d'acte : Activité
- Thème(s) :
- Concept(s) : Oubli collectif actif des troubles
- Lieu d'observation: Domicile
- Région d'observation: Bruxelles
- Date d'observation: de septembre 11 à septembre 15
- Numéro de page du livre : 182
- Auteur du récit : Natalie Rigaux
Parmi les activités qui parviennent à intégrer l'ensemble des personnes présentes, un circuit avec obstacles (censé prévenir les chutes) que l'on fait un jour avec un coussin sur la tête : on se chambre les un·e·s les autres à la fois du fait du ridicule de la situation et des difficultés que tout le monde éprouve à ne pas laisser tomber le coussin. Ou encore, lorsque chacun·e doit lancer deux anneaux à deux personnes différentes en même temps alors que le groupe est en cercle : très rapidement, la foire s'installe, les anneaux volant dans tous les sens.
Dans ces deux cas interviennent pour le rendre accessible à tou·te·s le caractère ludique de l'exercice proposé ainsi que le fait qu'il égalise les performances au sein du groupe (personne ne s'en sort vraiment). Les rires et la confusion qui s'installent font que l'attention ne porte pas sur ce que fait chacun·e mais sur le plaisir pris ensemble, indépendamment des capacités des un·e·s et des autres.
D'une toute autre façon, les temps de relaxation qu'Éric (le professionnel de l'éducation physique en charge du groupe) propose en fin de séance sur fond musical planant crée une atmosphère de calme englobant chacun·e qui, les yeux fermés, est hors de contrôle des autres.
Dans l'un et l'autre cas, on observe ce que T. Moreira [2010, p.135] nomme joliment en citant Nietzsche « un oubli collectif actif » des troubles qui permet de rediriger l'attention et l'action de chacun·e loin du déficit.
A l'inverse, quand Éric propose avec sérieux, dans un grand silence, des consignes d'exercices complexes, les participant·e·s les plus avancé·e·s dans la maladie vont manifester qui de l'anxiété, qui de l'agressivité face à cette mise en échec perceptible par les autres (on travaille le plus souvent en cercle).
L'aide individualisée que leur donne alors Éric ne réduit pas leur inconfort dans la mesure où elle souligne leur difficulté singulière